40 ans d’excellence en radio

40 ans d’excellence en radio

Le chemin pour se rendre au studio n’est pas de tout repos pour les radiodiffuseurs et les radiodiffuseuses. Celui de Radios Rurales Internationales se présente comme suit : en 1976, George Atkins, radiodiffuseur rural à CBC à l’époque, voyageait en autobus sur un chemin rural en Zambie. Il était accompagné d’un certain nombre de radiodiffuseurs et radiodiffuseuses africains qui se rendaient à un atelier organisé pour les radiodiffuseurs et les radiodiffuseuses ruraux. Toujours curieux, il leur posait des questions sur leurs récentes émissions radiophoniques.

Un des radiodiffuseurs, un homme nommé Abdul de la Sierra Leone, déclara que sa dernière émission parlait de l’utilisation adéquate des bougies d’allumage des tracteurs. George fut surpris. Comme il le raconte, la conversation s’était déroulée comme suit :

« Combien de familles agricoles ont des tracteurs en Sierra Leone? » demanda-t-il.

« Ah, environ un sur 80 000, » répondit Abdul.

« Et quelle est la taille de votre auditoire? » demanda George.

« J’ai beaucoup d’auditeurs, » déclara le radiodiffuseur. « Environ 800 000. »

George fit un calcul mental rapide. « Vous voulez dire que vous vous adressez à dix agriculteurs sur 800 000. »

Les radiodiffuseurs et les radiodiffuseuses déclarèrent n’avoir pas accès aux informations qui pourraient servir à la majorité de leur auditoire. « C’est là où l’idée a surgi dans mon esprit, » déclara George.

Il proposa d’écrire des textes radiophoniques dans lesquels figureraient des conseils agricoles à moindre coût, tels que l’utilisation du fumier comme engrais ou l’élevage des bœufs pour le labourage, et d’envoyer ces textes aux radiodiffuseurs et aux radiodiffuseuses pour qu’ils les adaptent dans leurs langues et à leurs réalités locales. George se tourna vers ses collègues dans l’autobus : « Si je devais rédiger des choses et les mettre à votre disposition, les utiliseriez-vous? » demanda-t-il. La réponse fut « Oui. »

Quatre ans plus tard, le 1er mai 1979, George constituait le premier ensemble de textes radiophoniques. De son salon, dans la demeure familiale d’Oakville, au Canada, George, aidé de son épouse Janet, envoya les ensembles à 34 radiodiffuseurs dans 26 pays en développement.

Le Réseau des radios rurales des pays en développement venait de naître.

Les radiodiffuseurs du monde entier recevraient les textes radiophoniques, les traduiraient dans les langues locales et transmettraient les informations à leurs auditeurs sur les ondes.

George forma une équipe composée de chercheurs et de spécialistes agricoles de l’Université de Guelph, son alma mater, ainsi que de radiodiffuseurs ruraux et de journalistes du monde entier pour s’informer sur des procédés agricoles convaincants, faciles à utiliser ou gratuits. L’équipe produisait des textes radiophoniques qui expliquaient ces procédés et les envoyaient à d’autres radiodiffuseurs.

Dans un cas, des chercheurs du Centre international de physiologie et d’écologie des insectes, au Kenya, confirmèrent que les poules mangeaient les tiques, et proposèrent d’utiliser des poules, plutôt que des produits chimiques, pour limiter le nombre de tiques dans les poulaillers. Une idée décidément simple, mais qui serait restée au Kenya si les radios dans le monde n’avaient pas diffusé l’information.

Bien que des cassettes et des ensembles de textes radiophoniques imprimés furent envoyés dans des pays comme le Cambodge, le Pérou et le Sri Lanka, en 2003, le Réseau des radios rurales des pays en développement réduisit son rayon d’action à l’Afrique subsaharienne. C’est là que nous savions que nous aurions le plus d’impact. Et, en 2008, le Réseau des radios rurales des pays en développement est devenu Radios Rurales Internationales.

Aujourd’hui, Radios Rurales Internationales continue de partager des ensembles de textes radiophoniques, des documents techniques et d’autres ressources aux radiodiffuseurs, aux radiodiffuseuses et aux communicateurs et communicatrices ruraux, et a plus de 800 partenaires de radiodiffusion dans 40 pays d’Afrique subsaharienne. Ces ressources sont produites en anglais, en français, en amharique, en swahili et en haoussa, mais sont traduites et interprétées dans plusieurs langues locales avant d’être diffusées à l’antenne.

Lors de notre 30e anniversaire en 2009, George s’est remémoré l’évolution de l’organisation au fil des ans. « Il faut que je me pince quand je pense aux gens qui bénéficient de ce service qui leur est disponible simplement en ouvrant la radio. »

Bien que George soit décédé en fin 2009, nous nous plaisons à pense que nous poursuivrons son œuvre, 40 ans maintenant après ses modestes débuts. Comme il avait l’habitude de le dire en rendant l’antenne pendant chaque émission qu’il réalisait :

« Au service de l’agriculture, l’industrie de base. C’était George Atkins. »