Améliorer la sécurité alimentaire chez les femmes et l’égalité des genres en cette Journée internationale des femmes et au-delà

A woman holds a radio set in Bougouni Mali

Adja Malado Diakité était agricultrice lorsque Radios Rurales Internationales et Radio Wassoulou, la station de radio de sa localité la contactèrent la première fois.

Cinq ans plus tard, elle anime chaque lundi l’émission Mousso djôyôrô, ou « la place des femmes dans la société ».

L’histoire d’Adja, une femme qui n’était pas du domaine de la radio, constata qu’il y avait des besoins et se montra à la hauteur de la situation, est une des nombreuses histoires formidables nées de notre projet Voix de femmes à grande échelle.

En cette Journée internationale des femmes, nous célébrons le couronnement de ce projet, une initiative de cinq ans qui a touché plus de deux millions de femmes et d’hommes. Ce projet visait à, et a réussi à, améliorer la sécurité alimentaire et l’égalité des genres en Afrique de l’Ouest.

Dans le cas d’Adja, on lui a d’abord demandé d’animer des groupes d’écoute communautaire dans sa localité, Yanfolila, au sud du Mali. Elle assista à des ateliers destinés à concevoir des contenus pour des émissions radiophoniques, et intervint en tant qu’invitée à ces émissions, et porte-parole des femmes et des producteurs et productrices de denrées alimentaires durant les émissions-débats.

Au bout de la troisième série, elle était devenue une ressource pour les émissions, parlant des potagers et de la conservation de leurs produits.

Voyant sa participation aux formations tout le long, que ce soit sur des thèmes comme l’égalité des genres ou la radio interactive, Radio Wassoulou la recruta et lui confia sa propre émission, une réussite qu’elle attribue au projet « Voix de femmes à grande échelle. »

« J’ai acquis de l’assurance et je suis très fière d’être la deuxième femme à Radio Wassoulou, » a-t-elle déclaré.

Voix de femmes à grande échelle : faire entendre les voix des femmes pour la sécurité alimentaire et l’égalité des genres

Dans un sens, l’histoire d’Adja est représentative du projet lui-même

Lancé en 2018, le projet « Voix de femmes à grande échelle » était un projet quinquennal de cinq millions de dollars financé par le gouvernement du Canada. C’était le tout premier grand projet que Radios Rurales Internationales devait mettre en œuvre au Burkina Faso, au Mali, au Sénégal et au Ghana à cette époque.


Nous n'avons pas simplement concevoir le projet pour les femmes. Nous devions concevoir le projet avec les femmes que nous espérions servir.


Il visait à fournir aux hommes, aux femmes et aux jeunes des informations essentielles concernant les bonnes pratiques agricoles et nutritionnelles, mais également à créer pour les femmes les conditions pour leur épanouissement et favoriser l’enracinement de l’égalité des genres, ce qu’a fait Adja, en lançant un groupe d’écoute communautaire, puis en transmettant des informations durant les émissions, et en amplifiant sa propre voix et celles des autres membres de la communauté.

Nous avons constaté une baisse du nombre de personnes en proie à l’insécurité alimentaire de 50 pour cent au début du projet à 37 pour cent, soit 500 000 personnes en moins qui souffrent de la faim.

Nous avons également remarqué que l’écart au niveau de ce que nous appelons un « indice du renforcement du pouvoir des femmes » ou une mesure des moyens par lesquels les femmes peuvent agir dans la société au même titre que les hommes, a diminué durant la même période. L’écart, ou la différence, entre les hommes et les femmes était de 25 pour cent au début du projet. À la fin, il n’était qu’à 19 pour cent.

Pour mesurer cela, nous nous sommes renseignés pour savoir qui prenait les décisions dans les ménages, ce que les gens pensaient des mariages précoces, dans quelle mesure les gens pensaient que la violence envers les femmes était acceptable, si les gens avaient accès au crédit. Nous avons ensuite comparé les réponses des hommes à celles des femmes pour voir si et où il y avait des disparités.

Le mérite ne revient pas qu’à nous seuls, car, après tout, d’autres personnes travaillent à l’échelle locale ou dans le secteur du développement international et font parallèlement du bon travail dans tous ces domaines. Parfois, des éléments incontrôlables comme la météo peuvent entraîner une modification des techniques de production agricole. Cependant, nous pouvons affirmer avec certitude que nous avons contribué à un changement des mentalités et des comportements à l’égard de toutes ces questions, et ce, grâce à notre collaboration avec les partenaires locaux et aux contenus radiophoniques.

Ce sont des changements dont Adja peut témoigner personnellement.

« À chaque émission que j’animais, beaucoup de gens m’appelaient pour avoir des éclaircissements, ou pour apporter d’autres informations sur les bonnes techniques de jardinage, » a déclaré Adja. « Les appels visaient également à me faire savoir jusqu’à quel point ces informations étaient utiles et à discuter des solutions aux problèmes des femmes en particulier. »

Adja à Radio Wassoulou

Concevoir des émissions pour les femmes, par des femmes

Un aspect essentiel de la stratégie que nous avons employée pour le projet Voix de femmes à grande échelle, et en fait pour un projet quelconque, était de ne pas simplement concevoir le projet pour les femmes. Nous devions concevoir le projet avec les femmes que nous espérions servir.

Comment? Nous avons commencé par poser des questions. Avant tout travail de conception, nos équipes pays se rendaient auprès des communautés pour savoir quels étaient les sujets qui intéressaient les femmes (et leurs familles), quels étaient leurs problèmes ou quels types d’informations (concernant la sécurité alimentaire) pouvaient faire une véritable différence dans leur vie.

Ensuite commençait la conception. Sur le terrain, dans chaque pays, avec chaque station, nous rassemblions l’équipe de production, les leaders communautaires, les femmes des localités et les organisations féminines locales et notre équipe de spécialistes des métiers radiophoniques. Durant l’atelier de conception, toutes ces personnes concevaient ensemble une émission radiophonique qui pourrait fournir chaque semaine des informations exactes aux femmes dans leurs communautés.

Nos partenariats avec les organisations et les spécialistes locaux des secteurs de la sécurité alimentaire et de l’égalité des genres ont également joué un rôle clé dans la popularité de nos émissions. Nous les avons formés sur l’utilisation de la radio interactive pour amplifier le succès de leur travail, et en retour ils nous ont prodigué des conseils concernant nos émissions pour s’assurer que nous répondions aux besoins et aux préoccupations des populations locales.

Les sujets variaient de l’exploitation des potagers à la violence basée sur le genre — en passant par tout le reste.

Embrasser l’équité pour atteindre l’égalité : Journée internationale des femmes 2023

#Embrassonsl’équité est le thème de la Journée internationale des femmes. Mais que signifie cela de manière pratique? Et que signifie cela pour nous?

C’est une chose de déclarer : « Nous avons des émissions conçues pour les femmes et pour les hommes. » Ces émissions contiennent parfois des renseignements utiles aux deux groupes, et qui ont trait à des problèmes qui les concernent tous, et leur objectif pourrait être d’amplifier les voix des deux parties.

Mais, souvent, cet effort ne suffit pas pour assurer que les femmes peuvent vraiment accéder et tirer profit de ces émissions. Les femmes ont-elles accès à un poste radio? Si oui, sont-elles autorisées à choisir l’émission qu’elles veulent écouter? Ont-elles un téléphone pour appeler? Si elles appellent et que l’enregistrement est une voix d’homme, seront-elles autorisées à poursuivre la conversation? Se sentent-elles à l’aise de s’exprimer? Les informations fournies font-elles cas d’obstacles particuliers que les femmes rencontrent?

Faye Mballo stands with other members of her community listening group in their kitchen garden in Senegal

Pour Faye Mballo, membre d’un groupe d’écoute communautaire au Sénégal, le défi se posait du point de vue des simples appels.« Au début, nous ne savions pas comment utiliser nos téléphones portables pour appeler le système, » déclara-t-elle.

Lorsque Bamtaare Dowri FM, la station que les femmes écoutaient, apprit qu’elles avaient du mal à accéder au système téléphonique, les responsables envoyèrent leur personnel auprès des membres de la communauté pour leur apprendre comment appeler durant l’émission et laisser eux-mêmes des questions.

« Lorsqu’ils nous ont expliqué comment utiliser les téléphones, nous avons compris tout de suite. Nous avons appris en groupe, » déclara Faye.

Il existe plusieurs façons d’embrasser l’équité pour aider les femmes à surmonter ces obstacles : former des groupes d’écoute communautaire pour les femmes, et leur fournir des postes radio; offrir un accès et une formation sur l’utilisation des téléphones portables; fournir une formation sur la sensibilisation à l’égalité des genres pour les radiodiffuseurs et les radiodiffuseuses; s’assurer que les femmes (comme Adja) peuvent coanimer des émissions; prévoir des segments dans les émissions qui abordent les défis particuliers des femmes; encourager l’utilisation des feuilletons radiophoniques pour aborder les sujets sensibles de manière aisée et divertissante.

Les émissions du projet Voix de femmes à grande échelle ont fait tout cela. Pour certaines stations, au début du projet, seuls 10 pour cent des personnes qui appelaient étaient des femmes. À la fin du projet, 55 pour cent des appels provenaient de femmes impatientes de partager leurs voix et faire entendre leurs opinions.

Avoir un impact durable dans la vie des femmes

Ces émissions ont eu du succès. Au Mali, 95 pour cent d’auditeurs et d’auditrices potentiels et 94 pour cent d’auditeurs et d’auditrices potentiels au Burkina Faso les ont écoutées. Ce qui signifie que dans ces deux pays, plus de 94 pour cent de personnes qui pouvaient écouter l’ont fait.

Mais cela a transformé également des vies.

Au Burkina Faso, 48 pour cent de personnes ayant écouté ont testé de nouvelles pratiques favorables à l’égalité des genres. Il s’est agi de choses comme l’accès des femmes à la terre sur laquelle cultiver des denrées agricoles, ou au crédit pour l’achat de semences, ou la répartition des corvées ou des tâches ménagères, ou encore de la prise de décisions par les hommes en collaboration avec leurs épouses plutôt que pour elles.

Le projet Voix de femmes à grande échelle ne concernait pas uniquement le partage d’informations sur l’agriculture et la nutrition de manière à satisfaire les besoins des femmes, mais il avait également pour but de permettre la production d’émissions remettant en question les normes sociales et parlant véritablement de l’égalité des genres.

À la question de savoir quelle était la dernière fois qu’ils ou elles avaient modifié leur manière d’agir grâce à une émission radiophonique, 48 pour cent (soit plus de 600 000 personnes) de toutes les personnes qui ont écouté nos émissions au Burkina Faso avaient changé une habitude ou une croyance concernant l’égalité des genres à cause des émissions radiophoniques.

Ce n’est pas une chose sans importance.

Et Adja? Elle nous assure que son groupe d’écoute communautaire est toujours actif et fonctionne.

« J’espère que ces émissions se poursuivront dans l’intérêt des femmes en particulier, et de ma communauté entière. »

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À propos du projet
Le projet Voix de femmes à grande échelle vise à apporter de meilleurs services radiophoniques interactifs au Burkina Faso, au Ghana, au Mali et au Sénégal, et toucher plus de sept millions d’agriculteurs et d’agricultrices d’exploitations familiales afin d’améliorer la sécurité alimentaire et l’égalité des genres. Le gouvernement du Canada, par l’entremise d’Affaires mondiales Canada, appuie le projet grâce à un financement de cinq millions de dollars durant les cinq années du projet.


Learn more about how we embraced equity in our radio programs for the Scaling Her Voice on Air project in this online conversation about gender equality.

Making a lasting difference in the lives of women

These programs were popular. 95 per cent of potential listeners in Mali, and 94 per cent of potential listeners in Burkina Faso, tuned into the programs – that means in those two countries, more than 94 per cent of people who could listen, did listen.

But it also changed lives.

In Burkina Faso, 48 per cent of listeners tried new practices that lead to gender equality. Things like women accessing land on which to plant food, or credit to buy seeds with. Things like how to divide chores and household tasks. Things like men making decisions with their wives instead of for them.

Scaling Her Voice on Air was not only about sharing information about agriculture and nutrition in a way that met women’s needs, but also about producing programs that challenged social norms and talked meaningfully about gender equality.

When was the last time you altered the way you act thanks to a radio program? 48 per cent of everyone who listened to our programs in Burkina Faso (that’s more than 600,000 people) changed something they did or believed about gender equality because of the radio programs.

That’s no small potatoes.

And Adja? She assures us that her community listening group is still active and running.

“I hope that these programs will continue for the benefit of women especially, and my entire community.”

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About the project
The Scaling Her Voice on Air project aims to bring improved interactive radio services to Burkina Faso, Ghana, Mali and Senegal, reaching more than 2 million small-scale farmers to improve food security and gender equality. The Government of Canada, through Global Affairs Canada, is supporting the project with a grant of $5 million over the five years of the project.


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