Donner aux femmes les moyens de gagner leur vie en cultivant

Assise sur une chaise, près du bureau communal, Upendo Sylvester augmente le volume d’un poste de radio à manivelle jaune, pendant que des ouvriers de la mosquée d’à côté travaillent d’arrache-pied. L’agricultrice de 44 ans n’a pas de radio à elle, mais garde celle que son groupe d’écoute communautaire utilise pour ses rencontres hebdomadaires, tous les mardis à 16 h.
 
L’association Hissa est unique. En 2011, elle a commencé à accorder des prêts avec des délais de remboursement raisonnables aux veuves du village de Makiba, à environ 40 kilomètres au nord-est d’Arusha, en Tanzanie. Toutefois, elle habilite davantage les 30 femmes membres de l’association actuellement en leur prodiguant des conseils à la radio.
 
Upendo déclare : « Depuis que nous avons commencé, je vois une différence. Je m’aperçois que les veuves se considèrent maintenant comme les autres femmes. Elles peuvent désormais gagner leur vie en cultivant. »
 
Elle a elle-même expérimenté ce changement. Upendo avait perdu tout espoir après la mort accidentelle de son mari. La pluie détruisait tout doucement sa maison et ses enfants dormaient sur de petits lits, sans matelas. Elle cultivait du maïs, du haricot et du manioc sur ses trois acres de terre qui produisaient très peu, et, par conséquent rapportaient moins d’argent.
 
Chaque semaine, son groupe capte Radio 5 pour écouter l’émission agricole Fahari Yanau (Ma fierté). Il s’agit d’une des émissions diffusées dans le cadre de la programmation d’impact de Radios Rurales Internationales, et qui porte sur la production, la cuisson, la conservation et la vente de légumes.
 
Upendo taillait généralement ses légumes avec ses ongles et n’en récoltait qu’une fois par an. L’émission a présenté une nouvelle technique d’émondage des légumes avec un couteau ou un objet tranchant pour permettre à la tige de repousser. Grâce à cette méthode, elle récolte ses légumes deux ou trois fois l’an.
 
Elle déclare : « Donc, maintenant, je cultive sur un petit lopin de terre, mais je récolte beaucoup, vraiment beaucoup de légumes. »
 
La vente des denrées est une autre difficulté qu’éprouve Makiba. Plusieurs agricultrices et agriculteurs ne connaissent pas les prix du marché. Friumence Shayo est l’agent de vulgarisation de la circonscription. Parfois, il voit certains vendre leurs légumes à moins de la moitié du prix qu’ils valent.
 
Il déclare : « En ayant des informations nécessaires au moment où les intermédiaires viennent acheter leurs produits, les agricultrices et les agriculteurs peuvent négocier, car ils connaissent le bon prix. »
 
Upendo se souvient de la première fois où elle a obtenu de meilleurs prix pour ses denrées. Elle s’est servie de cet argent pour acheter un terrain pour démarrer la construction de sa nouvelle maison. Elle a inscrit tous ses quatre enfants à l’école et leur a acheté des lits plus grands et confortables.
 
Elle raconte : « Je suis si heureuse et je n’ai plus besoin de m’asseoir pour me plaindre en disant : ‘Je suis une veuve, je ne peux rien faire’. »
 
Une fois les études de ses enfants terminées, elle continuera à diversifier ses activités agricoles et à soutenir d’autres femmes de son groupement. Upendo espère également que l’émission agricole sera diffusée ailleurs.
 
Elle déclare : « J’aimerais que d’autres personnes tirent profit de cette émission, comme cela a été mon cas. »
 
L’émission Fahari Yangu de Radio 5 est diffusée dans le cadre de notre projet « Développer des services radiophoniques agricoles interactifs axés sur la demande » financé par Irish Aid.