Économie de l’estuaire : des journalistes de la région de la Volta visitent un projet de restauration des mangroves

Là où le fleuve Volta croise la mer sur la côte est du Ghana, deux communautés plantent des palétuviers et creusent des voies d’eau pour une meilleure santé de l’écosystème de la région.

Dolvo Samuel et Raymond Buckner, animateurs à la station Jubilee 106.9 FM, ont rencontré la communauté d’Agbledomi pour planifier leur reportage.
Les membres de ces communautés collaborent également avec d’autres membres des communautés de Salo, Agortoe, Akplorwotorkor, Bemigo, Dzita et d’Atitetey pour atteindre leur objectif commun, à savoir un peuplement de palétuviers en bonne santé.

Le reportage de la radio s’ajoutera à d’autres reportages centrés sur les solutions dans le cadre du projet « À l’antenne pour des solutions fondées sur la nature et l’égalité des genres » de Radios Rurales Internationales. Grâce au financement d’Affaires mondiales Canada, Radios Rurales Internationales travaille avec des stations de radio de six pays, en vue de produire des textes radiophoniques, des documentaires et des émissions de radio sur la façon dont les gens travaillent avec la nature pour s’adapter aux changements climatiques, et la manière dont les autres peuvent faire de même.
La gestionnaire de programme pays Rosemond Ohene et le chargé des métiers radiophoniques Issac Mintah ont accompagné l’équipe de la station de radio Jubilee pour les aider à recueillir des informations et rencontrer les responsables de communautés qui mènent des actions.
La restauration par le biais du modèle axé sur la zone de gestion des ressources communautaires
L’approche de la zone de gestion des ressources communautaires pour la conservation confère le pouvoir de prise de décision aux populations locales, tout en renforçant le droit d’une communauté à tirer profit des ressources naturelles qui l’entourent. C’est la Division de la faune du Ghana qui a initialement développé ce modèle.
Le groupe de gestion des ressources a une équipe dirigeante de cinq personnes que Dolvo et Raymond espèrent interviewer lors de leur prochaine visite. La visite d’aujourd’hui avait pour but d’écouter les membres du groupe gestion des ressources nous expliquer leur travail et de connaître la zone.
La communauté finalisera le plan détaillé des interviews formelles après le départ des équipes de la station Jubilee et de Radios Rurales Internationales. L’objectif de ces processus communautaires de planification, de contrôle et de prise de décision est d’empêcher les projets de Radios Rurales Internationales de nuire involontairement à une communauté quelconque avec laquelle elle travaille.
Les membres du groupe de gestion des ressources ont déclaré espérer que les palétuviers favoriseront la multiplication des poissons et des crabes dans l’estuaire. Le terme « estuaire » fait référence à la région où un cours d’eau douce rejoint l’océan.
Le groupe de gestion des ressources s’est réuni pour la première fois en 2019 après que des visiteurs du Development Institute, une organisation à but non lucratif basée au Ghana, se sont inquiétés du fait que l’exploitation des mangroves nuisait à l’écosystème.

Certaines personnes du groupe de gestion des ressources communautaires ont souligné notamment que des générations d’exploitants et d’exploitantes de palétuviers savaient qu’il était important de planter plus dans l’eau saumâtre, où ces plantes poussent bien. « Saumâtre » est un terme pour une eau qui n’est pas de l’eau salée de mer, mais qui n’est pas non plus de l’eau douce. C’est plutôt de l’eau douce extra salée.
Le groupe de gestion des ressources a affirmé que l’écosystème était indispensable pour l’économie locale qui repose sur la pêche et l’exploitation des palétuviers.
Le secrétaire de l’équipe dirigeante du groupe de gestion des ressources, Major Kamasah, a expliqué que de nombreux jeunes avaient dû quitter la communauté à la recherche de meilleures opportunités de travail.
Jasper Agbanator, membre de l’assemblée municipale du district d’Anloga représentant Agbledomi, nous a dit qu’il soutenait le travail du groupe de gestion des ressources.
Découvrir la cause du problème et les sources de la solution

Après la réunion du groupe de gestion des ressources, monsieur Agbanator a invité les équipes de la station Jubilee et de Radios Rurales Internationales à visiter de près la pépinière de palétuviers. Major s’est assis à l’avant du bateau, montrant les différentes espèces de palétuviers et expliquant le processus de plantation.
Il existe des palétuviers blancs, rouges et noirs. Les racines et le tronc du palétuvier blanc sont beaucoup plus épais et solides que ceux du palétuvier rouge et du palétuvier noir.

Les palétuviers rouges sont souvent séchés et vendus comme bois de chauffage. Selon le groupe de gestion des ressources, de nombreuses femmes gagnent de l’argent en vendant du poisson qu’elles fument sur les palétuviers séchés.
Les gens ramassent les fruits des palétuviers et les plantent dans l’eau après leur germination. Major a montré les petits palétuviers sur le rivage.
Une ligne claire sépare les eaux sombres du côté de la rivière de l’estuaire et les eaux plus claires du côté de l’eau de mer.

Pour atteindre la ligne d’estuaire entre l’eau claire et l’eau foncée, nous avons emprunté une voie d’eau aménagée par la communauté.
Le cycle de circulation d’origine favorisait une salinité adéquate de l’eau pour la santé des poissons et des plantes, comme les palétuviers.
Pour créer la nouvelle voie d’eau, les gens ont utilisé des houes pour briser la roche avant de la ramasser à la main. Les membres de la communauté ont travaillé pendant plus de deux semaines pour reconnecter la rivière et l’océan après que les raz-de-marée ont formé un banc de sable au-dessus de l’ancienne route, a déclaré Major.

Il existait autrefois un peuplement sur la bande de terre où le banc de sable sépare actuellement la haute mer du côté eau de mer de l’estuaire. La plupart des habitants ont dû partir lors du raz-de-marée de 2021.
Major et monsieur Agbanator ont déclaré que la qualité de l’eau du côté de la rivière de la ligne de l’estuaire est mauvaise parce qu’elle ne peut plus se déverser dans la mer.
Monsieur Agbanator a déclaré que le gouvernement devrait intervenir pour retirer le bloc de sable, car cela permettrait d’éliminer les particules indésirables dans la partie fluviale de l’estuaire.

Il a déjà fait des déclarations publiques à ce sujet, notamment lors du reportage de l’Agence de presse du Ghana sur les blocs de sable dans la région l’année dernière. Son plaidoyer représente une évolution vers la pérennité de la communauté, quels que soient les défis posés par le changement climatique.
La restauration de la qualité de l’eau est importante pour les communautés voisines de cet estuaire, car un écosystème sain est synonyme d’un avenir optimiste, en particulier pour des jeunes comme Major.
À propos du projet
Le projet « À l’antenne pour des solutions fondées sur la nature et l’égalité des genres » est un projet quinquennal dirigé par Radios Rurales Internationales en partenariat avec le gouvernement du Canada. Par le biais d’émissions radiophoniques à fort impact, ce projet collaborera avec des communautés locales au Burkina Faso, en Côte d’Ivoire, en Éthiopie, au Ghana, en Ouganda et en Zambie, en vue d’identifier, d’échanger sur et de promouvoir les solutions locales fondées sur la nature et d’amplifier ces solutions auprès d’un réseau de 3 500 radiodiffuseurs et radiodiffuseuses de 38 pays africains, afin qu’elles puissent être reproduites à travers le continent.

À propos de l’auteur
Morgana Adby a été stagiaire volontaire en journalisme pour le compte de Radios Rurales Internationales au Ghana cet été 2023 dans le cadre de notre projet sur les solutions fondées sur la nature au changement climatique.