En Ouganda, Nakaseke Radio émet à l’antenne pour prévenir les agriculteurs de la présence de la légionnaire d’automn

À l’instar de plusieurs producteurs et productrices de maïs du centre de l’Ouganda, Peter Balaba a été consterné de trouver des chenilles de légionnaires d’automne dans ses champs encore cette saison.

Peter cultive quatre acres de maïs à Nakaseke, située à 65 kilomètres environ au nord de la capitale, Kampala. Aussi, il produit des émissions agricoles à Nakaseke Radio. Pendant la sécheresse de la saison dernière, il a interviewé des dizaines de cultivateurs et de cultivatrices et a vu en personne ce qui pouvait survenir lorsque ces derniers ne disposaient pas d’informations fiables pendant une crise. Cette saison, son équipe radiophonique et lui mettent tout en œuvre pour s’assurer que les agriculteurs et les agricultrices soient mieux préparés.

Peter déclare : « La [légionnaire d’automne] est apparue à un moment où la plupart des agriculteurs ignoraient beaucoup de choses sur elle, ou ne savaient pas la combattre. De plus, plusieurs d’entre eux étaient très pauvres, voire trop pauvres pour acheter les bons pesticides. À cause de ça, la lutte pour l’éliminer a accusé du retard. Elle s’est propagée d’un village à un autre, et d’une exploitation agricole à une autre. »

Et elle s’est vraiment propagée. En effet, la légionnaire parcourt jusqu’à 100 kilomètres par nuit. Les chenilles ont détruit des champs de maïs entiers, provoquant des pénuries et une flambée des prix pendant les récoltes de mai. Avant la crise de la légionnaire d’automne, le prix du kilogramme de maïs fluctuait entre 500 et 800 shillings ougandais (0,14 à 0,22 $US). Maintenant, le prix a doublé, voire triplé.

Quelques mois après cette maigre récolte, lorsque les chenilles sont réapparues sur les tiges et les épis de maïs cultivé cette saison, les agriculteurs ont craint le pire.


Ils se sont dépêchés de trouver des moyens pour s’en débarrasser. Certains ont acheté des pesticides coûteux, et d’autres ont pulvérisé de la paraffine sur leurs champs pour tenter d’entraver le chemin aux chenilles, mais la paraffine a endommagé leurs pompes à pulvériser.

Peter et son équipe à Nakaseke Radio se sont aperçus que les paysans et les paysannes avaient besoin d’informations précises et actualisées. Ils passèrent donc à l’action, en diffusant des messages à la radio et en ligne pour permettre à ces derniers d’être transmis plus rapidement et plus loin même que pourrait se rendre la légionnaire.

Il explique : « En tant que station de radio, nous avons contacté les agent(e)s de vulgarisation agricole. Ils savaient des choses là-dessus, alors, nous les avons invités dans nos studios. Ils ont fait de la sensibilisation et ont suggéré des pesticides à utiliser. Bien évidemment nous nous sommes rendus également sur le terrain pour voir ce qui se passait. »

Il affirme qu’au cours des visites de terrain, les agent(e)s de vulgarisation avaient remarqué que certains pesticides étaient inefficaces, et ont proposé des solutions de rechange. Nakaseke Radio a diffusé immédiatement ces recommandations.

Près de 40 000 personnes au centre et au nord de l’Ouganda écoutent la station Nakaseke, partenaire de radiodiffusion de Radios Rurales Internationales. Enkumbi Terimba, qui signifie « La houe ne ment pas » est une des émissions phares de la station. Elle passe deux fois par semaine et parle des principales difficultés et préoccupations des agriculteurs et des agricultrices. L’émission traite beaucoup de la légionnaire d’automne cette année.

Non seulement les réalisateurs et les réalisatrices d’émissions radiophoniques de la station Nakaseke ont exploité les ondes, mais ils se sont également tournés vers les médias sociaux. Ils utilisaient leur page Facebook et un groupe WhatsApp pour transmettre le message le plus rapidement et le plus largement possible.

Peter explique : « Quand on allait sur le terrain, on prenait des photos. Bien sûr, ce ne sont pas tous les agriculteurs qui ont accès aux médias sociaux, mais il y a des gens dans la communauté qui possèdent des téléphones intelligents et qui nous suivent sur notre page. Par conséquent, on publiait les messages et recevions par la suite leurs commentaires. Ils nous disaient ‘Il y en a ici aussi,’ ou ‘On a vu ça à différents endroits.’ Et on se rendait là-bas pour essayer de leur proposer des solutions. »

La station a publié les toutes récentes informations et des conseils concernant les stratégies de lutte contre la légionnaire d’automne sur un groupe WhatsApp à travers tout le district. Ce groupe est formé de fonctionnaires, d’agent(e)s de vulgarisation, de leaders politiques et d’agriculteurs.

Peter affirme que la campagne médiatique menée par la station de radio sur les réseaux sociaux a suscité un dialogue avec les agriculteurs et les agricultrices et d’autres expert(e)s qui sont intervenus en partageant leurs expériences et en faisant des suggestions.

Il ajoute : « Les réactions ont été très positives. Les agriculteurs proposaient également des solutions aux problèmes. Les agents de vulgarisation du groupe, ainsi que des membres d’ONG apportaient aussi leurs contributions. »

En Ouganda, 3,6 millions de familles sont tributaires du maïs. Cette année, le gouvernement ougandais s’attend à enregistrer des pertes d’au moins 450 000 tonnes, ce qui représente presque deux millions de dollars américains.

Il a commencé à pleuvoir juste la semaine dernière au centre de l’Ouganda. Peter espère que cela ralentira la chenille d’automne, et permettra aux agriculteurs et aux agricultrices comme lui d’appliquer les nouvelles recommandations pour protéger leurs cultures.

Cette histoire était publié dans Barza infos, un service d’actualité hebdomadaire qui fournit des nouvelles concernant les agriculteurs et agricultrices d’exploitations familiales produit par Radios Rurales Internationales. Barza infos a produit quelques histoires et ressources au sujet de la légionnaire d’automne. De plus, Radio Rurales International a publié une fiche documentaire sur la légionnaire d’automne, qui était distribué à 650 radiodiffuseuses et radiodiffuseurs.

À propos de l’auteur
Jaime Little est volontaire avec la programme Uniterra. Elle travaille comme Barza Wire Advisor, à Arusha, Tanzanie. Elle prend un congé de CBC/Radio-Canada a Montréal ou elle est productrice pour CBC North et produit 4 programmes radios quotidiens d’actualité ainsi que les nouvelles et le infos digitaux en Cree et français.