Les émissions radiophoniques et l’agroentreprise en Tanzanie

Dickson Mhoro contemple le lopin de terre de deux acres sur lequel il cultive des fanes de patate douce à chair orange qu’il vendra à son ami et partenaire d’affaires Loiruki Mollel. (Source : Adam Bemma)
C’est pénible de se retrouver piégé dans la circulation. Mais l’homme d’affaires de 53 ans Loiruki Mollel profite de ce moment pour écouter l’émission Kilimo chetu (Notre agriculture) diffusée sur Radio Maria 89.1 FM au fur et à mesure qu’il essaie d’avancer sur le chemin qui mène à Dar es Salam.
M. Mollel a été fasciné par un article qui parlait des bienfaits de la patate douce à chair orange (PDCO) pour la santé. « Peu après, j’écoutais Radio Maria lorsque j’ai entendu une émission où des agriculteurs et des agricultrices racontaient qu’on ne trouvait plus de fanes dans les environs de Dar, » dit-il en se retournant, avant d’ajouter : « J’ai donc décidé de me lancer dans l’agroentreprise et de produire moi-même de la PDCO. »
La PDCO est riche en bêta-carotène, un pigment que renferment également la carotte, la citrouille et d’autres légumes à chair orange. L’organisme transforme le bêta-carotène en vitamine A, une substance importante pour notre croissance et notre développement, et qui protège notre système immunitaire et notre vision. Une carence en vitamine A peut entraîner une croissance lente des os et freiner la croissance. Selon l’Organisation mondiale de la santé, la carence en vitamine A entraîne une perte de la vision chez au moins 500 000 enfants des pays en développement chaque année.
M. Mollel s’est laissé convaincre du fait que la production et la consommation de la PDCO pourraient améliorer la santé et les revenus les familles d’agriculteurs et d’agricultrices d’exploitations agricoles. « J’ai commencé à réfléchir […] à la façon dont on pouvait améliorer l’alimentation des enfants. Je crois que cela sera bon pour l’économie et pour le pays tout entier, » déclara-t-il.
Il a sollicité l’aide de son ami Dickson Mhoro qui a beaucoup d’expérience en matière d’agriculture. Ce dernier a travaillé pour la Chambre de commerce, d’industrie et d’agriculture de la Tanzanie pendant huit ans. Les deux hommes ont créé leur entreprise en 2013, et se sont concentrés sur la production de PDCO sur les deux hectares de terre appartenant à M. Mhoro, à Kigamboni, sur les côtes de l’océan Indien.
« Nous avons deux sortes de fanes de PDCO : la variété Kabode est très résistante et la Mataya produit plusieurs variétés de patates [douces]. En ce qui concerne les engrais, j’ai commencé à utiliser du fumier de volaille biologique qui semble fonctionner pour cette saison. La PDCO nécessite trois à quatre mois avant qu’on ne puisse les récolter.
Les deux hommes distribuent leurs fanes aux agriculteurs et aux agricultrices à l’intérieur et autour de Dar es Salam et dans des localités plus éloignées.