Les femmes et le téléphone : combler le fossé numérique entre les sexes par des solutions simples

les femmes avec les téléphones cellulaires

À Niangoloko, à l’ouest du Burkina Faso, un groupe d’écoute communautaire suit chaque semaine des émissions radiophoniques sur la santé sexuelle et reproductive. Le groupe est composé d’hommes et de femmes, mais les interactions des femmes avec les émissions différaient de celles des hommes pour la simple raison qu’elles avaient de la difficulté à avoir les lignes réservées aux commentaires.

Lors d’une récente évaluation réalisée pour notre projet AdoSanté dans la région, l’équipe de Radios Rurales Internationales a rendu visite au groupe. En discutant avec le groupe, l’équipe a posé des questions concernant les difficultés que les gens avaient à participer aux émissions au moyen de notre plateforme Uliza.

Uliza est notre suite de services qui combine la radio, les téléphones cellulaires et un système de réponse vocale interactive et qui permet aux auditeurs de communiquer et d’échanger rapidement, facilement et gratuitement des informations avec leur station de radio.

Le fossé numérique entre les sexes

La participation des femmes a constitué un défi au début de la série. Ils nous ont affirmé que les femmes avaient de la difficulté à capter le numéro et à le composer ensuite sur leur clavier téléphonique. Très souvent, les femmes avec lesquelles l’équipe s’entretenait ne savaient pas lire, et, par conséquent, peinaient à maîtriser le clavier.

Au Burkina Faso, le taux d’analphabétisme est de 26 pour cent chez les femmes. Dans chaque projet, il est donc particulièrement important d’aborder les problèmes des femmes pour leur permettre de tirer pleinement profit de chacune de nos émissions.

Cela est également révélateur du grand « fossé numérique entre les sexes » qui existe parfois au sein des communautés rurales. Lorsqu’il est question d’accès, de formation et de compétences en matière d’utilisation d’outils numériques et de nouvelles technologies, les femmes sont souvent à la traîne.

Les solutions communautaires

Alors, nous avons posé la question suivante aux femmes du groupe : qu’est-ce qui a changé depuis le début de l’émission?

Elles nous ont répondu que le responsable du groupe, un homme, avait pris l’initiative d’écrire le numéro d’appel du système Uliza sur environ 30 bouts de papier qu’il les avait numérotés de 1 à 30 et les avait distribués aux membres du groupe, ainsi qu’à d’autres femmes de la communauté.

Une femme tient un bout de papier sur lequel est inscrit un numéro de téléphone.
Abi Diallo tient un bout de papier sur lequel est inscrit un numéro de téléphone. Adama Traoré, le responsable de son groupe d’écoute communautaire a écrit les numéros sur des bouts de papier qu’il a remis aux femmes du groupe et à la communauté pour les aider à accéder aux services interactifs de l’émission radiophonique.

Les femmes ont ensuite conservé ces bouts de papier dans leurs portefeuilles, et au moment de participer aux émissions, elles regardaient les formes des numéros inscrits sur le papier et appuyaient sur le bouton correspondant sur leur téléphone. Dès cet instant, elles arrivaient à composer le numéro de la station de radio pour participer.

« Cela a été une bonne leçon pour moi, car c’est un des principaux défis en ce qui a trait à la participation des femmes à nos émissions, » déclare Alimata Konaté, notre coordonnatrice régionale des innovations numériques. Avant de quitter Niangoloko, elle a travaillé avec le groupe des femmes pour s’assurer qu’elles étaient sûres d’elles pour l’utilisation de leurs téléphones.

Combler le fossé numérique entre les sexes

Le système Uliza de RRI est un élément essentiel pour la création de services radiophoniques interactifs. Cependant, nous avons maintes fois observé que son utilisation est inégale, car les hommes participent beaucoup plus que les femmes.

Bien que les groupes d’écoute, qui sont généralement associés à tous nos projets en Afrique subsaharienne, facilitent souvent la résolution de ces problèmes, étant donné que les membres de la communauté s’aident réciproquement à accéder et à interagir avec les émissions, il reste toujours du travail à faire.

Redoubler d’efforts pour s’assurer que les femmes ont accès à des systèmes comme Uliza est une préoccupation majeure pour nos équipes dans les projets d’Afrique subsaharienne. Si nous voulons avoir diverses voix et opinions à transmettre à des millions de personnes à la radio, des solutions simples comme celle susmentionnée devront devenir une norme.


Le projet de promotion de la santé, des droits sexuels et reproductifs et de la nutrition des adolescent(e)s au Burkina Faso, AdoSanté, est un projet de trois ans financé par Affaires mondiales Canada et piloté par Helen Keller International. Il vise à améliorer la santé sexuelle et reproductive et le bien-être des adolescents au Burkina Faso. Radios Rurales Internationales, avec l’appui de Helen Keller International et d’autres partenaires, travaille avec des stations de radio sur des émissions radiophoniques qui améliorent le savoir des adolescents et leurs familles et suscitent un dialogue autour de la planification familiale, la nutrition et les infections sexuellement transmissibles au Burkina Faso par le biais d’émissions radiophoniques interactives instructives sur la santé sexuelle et reproductive.