Les jeunes radiodiffuseurs instaurent des conversations sur la santé sexuelle et reproductive au Mali

Sara Dolo, a young broadcaster, wears a colourful shirt and sits at a desk at a radio station with a pink microphone in front of her.

Sarah Dolo apprend sur le tas. Le poste d’animatrice à Radio Toguna de cette femme de 26 ans est sa première expérience de la radio.

Radio Toguna émet depuis Bandiagara, une petite localité de la région de Mopti, au centre du Mali. Même si ce n’est que sa deuxième année à la station, Sarah aborde déjà des sujets sensibles comme les infections sexuellement transmissibles et la violence basée sur le genre.

La série actuelle de son émission s’intitule Keneya Bôlôn (Vestibule pour la santé). Celle-ci est diffusée dans le cadre du projet « Hérè — Bien-être des femmes au Mali » qui vise à améliorer la santé sexuelle et reproductive des femmes en âge de procréer et à renforcer la prévention et la lutte contre la violence basée sur le genre dans quatre régions du Mali. Le projet est financé par Affaires mondiales Canada et mis en œuvre par un consortium piloté par MSI Reproductive Choices, et qui regroupe Radios Rurales Internationales et Femmes, Droit et Développement en Afrique (WiLDAF).

Développer les compétences des jeunes radiodiffuseurs

Sarah fait partie des nombreux jeunes réalisateurs et réalisatrices d’émissions de radio destinées à la jeunesse au Mali. Radio Toguna l’a sélectionnée pour participer à ce projet à cause de son engagement, son dynamisme et son savoir-faire.

Pour sélectionner des stations de radio pour un projet, Radios Rurales Internationales définit des critères en fonction des besoins et du thème du projet. Puisque le projet Hérè ciblait particulièrement les adolescents, les adolescentes et les jeunes, nous voulions nous assurer que les équipes des stations de radio étaient le reflet de leurs auditoires.

Nous avons réussi dans ce domaine : sur les 36 radiodiffuseurs et radiodiffuseuses participant au projet, 26 sont des jeunes. (Dans le cadre du projet Hérè, à l’instar de plusieurs de ses projets, Radios Rurales Internationales emploie la définition que donne la Charte africaine de la jeunesse au terme « jeune » à savoir toute personne âgée de 15 à 35 ans.)

La majeure partie des jeunes partenaires du projet Hérè sont des étudiants, des étudiantes, des stagiaires ou des volontaires passionnés par la radio. Tout en participant au projet, ces jeunes suivent une formation sur la production radiophonique et d’autres techniques journalistiques, en plus d’être rémunérés pour leur travail.

Grâce à la formation et à l’expérience pratique acquise en radiodiffusion dès le début de leur carrière, les jeunes développent leurs compétences en radiodiffusion et en média, ont plus d’assurance et augmentent leurs chances d’obtenir un emploi.

En tant que nouvelle radiodiffuseuse, Sarah trouve utiles les formations de Radios Rurales Internationales.

« Je pense qu’être radiodiffuseur, c’est d’abord une question de passion, » a déclaré Maïmouna N’Gnadiè Fane, notre chargée des métiers radiophoniques au Mali. Elle travaille directement avec les radiodiffuseurs et les radiodiffuseuses et les forme. « Si la personne est passionnée par cela, les formations et l’argent perçu sont de grandes sources de motivation qu’on ne retrouve pas beaucoup dans les autres organisations. »

Des radiodiffuseurs travaillent ensemble lors d’un atelier de conception du projet Hérè.

Satisfaire les besoins d’information des jeunes auditeurs

Ce ne sont pas les jeunes radiodiffuseurs et radiodiffuseuses seulement qui en bénéficient : les émissions de la jeunesse mettent en lumière les problèmes des jeunes. Leur implication dans les stations de radio procure du contenu supplémentaire pour la station et peut attirer des annonceurs qui répondent aux besoins des jeunes.

Lorsque des jeunes parlent, les jeunes écoutent. Après tout, quelle est la probabilité que vous écoutiez vos camarades plutôt que vos parents?

Les jeunes écoutent la radio, mais ils peuvent y avoir accès à partir de leur téléphone : des études du Broadcasting Research Council en Afrique du Sud a révélé qu’il y avait 32 % plus de chance que les jeunes écoutent la radio au moyen de leur téléphone portable.

La présence de jeunes radiodiffuseurs et radiodiffuseuses permet de briser les tabous, car les jeunes sont plus à l’aide de discuter de sujets comme la sexualité avec leurs camarades qu’avec des adultes. Ces jeunes comprennent leur auditoire et savent comment aborder les sujets délicats en employant le bon ton et le bon langage.

« Les jeunes sont les mieux placés pour connaître les besoins d’informations et les défis auxquels font face les jeunes, » a déclaré Maïmouna.

Les avantages d’être jeune radiodiffuseuse englobent « participer au développement de ma communauté, formation continue à travers les émissions thématiques, sensibiliser les populations afin de lutter contre nos pratiques néfastes, » a déclaré Sarah.


« Les jeunes sont les mieux placés pour connaître les besoins d’informations et les défis auxquels font face les jeunes ».

— Maïmouna N’Gnadiè Fane, Chargée des Métiers Radiophoniques

Sarah rend son émission attrayante pour les jeunes auditoires en discutant de thèmes d’actualité liés à la santé sexuelle et reproductive, ainsi qu’au bien-être des femmes et des enfants. Elle encourage son auditoire à appeler la station pour discuter du sujet de la semaine au moyen du logiciel Uliza Interactive de Radios Rurales Internationales.

Notre engagement à travailler avec et à appuyer les jeunes radiodiffuseurs et radiodiffuseuses fait partie de l’approche élargie que Radios Rurales Internationales s’est fixée pour la jeunesse aux fins du projet Hérè, notamment des séances d’animation, d’écoute et de discussion organisées dans une école et un centre de santé, ainsi que l’utilisation de médias sociaux comme Facebook et les groupes WhatsApp pour promouvoir les émissions suivantes et encourager la discussion.

Découvrez l’approche de Radios Rurales Internationales pour échanger avec les jeunes dans notre fiche sur les jeunes.

La radio d’aujourd’hui et de demain

Ce n’est pas toujours facile de travailler avec de jeunes radiodiffuseurs et radiodiffuseuses. Considérant leur manque d’expérience en radiodiffusion, et leur méconnaissance des normes et de l’éthique journalistiques, ces jeunes ont besoin de plus d’assistance.

Sarah a affirmé rencontrer de nombreux défis, dont l’importance de réviser les formations précédentes, la sensibilité de certains sujets et l’accès difficile de certaines régions à cause du conflit au Mali.

Cependant, le manque d’expérience des jeunes radiodiffuseurs et radiodiffuseuses constitue parfois un avantage. Ils et elles ne sont pas encore formatés et peuvent être formés suivant les critères et les normes les plus récents. Les jeunes radiodiffuseurs et radiodiffuseuses sont également motivés et posent de bonnes questions.

Lorsque le personnel de Radios Rurales Internationales travaille avec ces jeunes, il s’assure de faire régulièrement le point avec eux et d’être disponible pour répondre à leurs questions. La curiosité des jeunes fait que notre personnel trouve intéressant de collaborer avec eux.

« Former les jeunes, c’est accompagner professionnellement ceux et celles qui sont la radio d’aujourd’hui et de demain, » a déclaré Sébastien Nègre, le responsable régional de l’équipe des métiers radiophoniques de Radios Rurales Internationales pour l’Afrique francophone.

« Durant la formation de cette série, j’étais très contente de voir leur niveau de progression (de vrais radiodiffuseurs et radiodiffuseuses) et de savoir que j’y suis pour quelque chose. Je pense que RRI doit être plus fière à former des jeunes qui n’avaient aucune expérience radio et à les rendre radiodiffuseurs, » a ajouté Maïmouna.

Pour Sarah, ce qui l’enthousiasme concernant son travail, c’est que celui-ci contribue au développement de sa communauté. À ses dires, elle est devenue radiodiffuseuse pour « être la voix des sans voix, sensibiliser, informer ma communauté pour qu’elle puisse se développer à travers des émissions thématiques. »


À propos du projet
L’initiative « HÉRÈ – Bien-être des femmes au Mali » vise à améliorer le bien-être des femmes et filles en matière de santé sexuelle et reproductive et à renforcer la prévention et la réponse aux violences basées sur le genre dans les régions de Sikasso, Ségou, Mopti et le district de Bamako au Mali. Le projet est mis en œuvre par le Consortium HÉRÈ – MSI Mali, en partenariat avec Radios Rurales Internationales (RRI) et Women in Law and Development in Africa (WiLDAF) grâce au financement d’Affaires mondiales Canada.

Les opinions exprimées par les auteures ne reflètent pas nécessairement celles de MSI Reproductive Choices ou du bailleur de fonds.