Projecteurs sur Filius Chalo Jere, lauréat du Prix des communications George Atkins

Filius Jere

Durant presque cinquante ans de carrière de radiodiffuseur, Filius Chalo Jere est devenu « une figure paternelle » pour plusieurs de ses jeunes collègues. Cependant, lorsqu’ils lui demandent de les orienter, il leur dit sagement de se renseigner ailleurs, à savoir auprès de leurs auditeurs et auditrices, pour savoir s’ils font réellement du bon travail.

Filius déclare : « La chose la plus importante qu’ils doivent savoir c’est que les auditeurs sont les propriétaires des postes radio et que c’est eux qui achètent les piles…. Par conséquent, les auditeurs doivent être convaincus que l’émission en vaut la peine, sans quoi, ils seront libres d’éteindre leur poste ou de changer de canal. »

La station de Filius s’appelle Breeze FM. Il s’agit d’une station commerciale qui dessert au moins 800 000 personnes à l’est de la Zambie, près de la frontière avec le Malawi. Douze ans après qu’il a pris officiellement sa retraite, il travaille désormais comme bénévole à la station, où il réalise une célèbre émission intitulée Ulimini ndi Malonda, ou « L’agriculture est une entreprise. »

Il rappelle ce qui lui a permis de persévérer : « Lorsque j’ai pris ma retraite en 2005, après trente-six ans de carrière de journaliste, ma conscience ne m’aurait pas permis d’abandonner les agriculteurs et les agricultrices d’exploitations familiales, car je me suis rendu compte que ce dont ils manquaient et avaient le plus besoin pour améliorer leurs moyens de subsistance n’était pas les aides alimentaires et les intrants, mais de simples d’informations. »

Filius Jere, broadcaster at Breeze FM
Dans ces informations figurent des pratiques agricoles efficaces, des techniques de conservation de l’environnement et des opportunités d’affaires dans le domaine de l’agriculture.

Ses émissions incluent toujours les voix des agriculteurs et souvent leurs chants. Au début, il enregistrait les interviews sur le terrain avec un magnétophone analogique pour la première émission agricole de la Zambie, intitulée The Farmer’s Notebook (Le carnet de l’agriculteur). En 1972, il fut un des tout premiers réalisateurs à travailler avec feu George Atkins, fondateur de Radios Rurales Internationales.

Filius est un des trois gagnants duPrix des communications George Atkins cette année. Radios Rurales Internationales décerne le prix aux radiodiffuseurs et aux radiodiffuseuses qui excellent dans l’offre d’émissions visant à aider les agriculteurs et les agricultrices d’exploitations familiales à nourrir leurs familles et accroître leurs revenus.

Malgré ses années d’expérience, Filius n’a pas toujours des réponses pour les agriculteurs et les agricultrices en proie à des problèmes particuliers. Il déclare : « L’aspect le plus exigeant de mon travail c’est que les agriculteurs me considèrent comme un expert agricole, et me demandent de leur proposer des solutions qui dépassent ma capacité ou mes compétences. »

L’autre défi que doit relever Filius c’est de communiquer des informations actualisées et un avis d’expert sans contredire les recommandations du gouvernement, telles que l’utilisation d’engrais chimiques. Il est essentiel pour Filius de soupeser les différentes recommandations, car il sait que son auditoire, dont plusieurs membres n’ont pas accès à Internet ou la télévision, a besoin de ses émissions radiophoniques.

Il explique : « En Zambie, la radio est le moyen le plus efficace pour transmettre des informations sur le développement…. Les populations rurales croient que ce qu’elles entendent à la radio doit être simplement la bonne chose pour elles. »

Ce qu’elles entendent à la radio permet à bon nombre d’auditeurs et d’auditrices de Filius d’améliorer leurs revenus agricoles et d’offrir de meilleures conditions de vie à leurs familles.

Filius ajoute : « L’aspect le plus gratifiant c’est de voir des agriculteurs pauvres être en mesure d’offrir une sécurité alimentaire à leurs familles au fil des ans…. Je vois un nombre croissant d’agriculteurs pauvres qui sont en mesure d’envoyer leurs enfants à l’école. À travers cela, je me vois contribuer indirectement à l’amélioration de l’éducation au regard de l’amélioration des moyens de subsistance en milieu rural. »