Radio Media + CI Bouaké, gagnante du prix Liz Hughes pour Radios Rurales au féminin 2022

Les femmes dans le leadership est un thème important pour la Journée internationale de la femme et au-delà. C’est également un sujet que Radio Média + CI Bouaké à Bouaké, en Côte d’Ivoire, aborde chaque semaine dans son émission Leadership au féminin, qui est consacrée aux femmes et tente de briser les stéréotypes de genre.

L’émission hebdomadaire de 30 minutes est produite par la présentatrice Eunice Collé, le journaliste Eugène Kouadio, la productrice Epiphanie Kiffi, la technicienne Esther Aké et le réalisateur Kémingué Souleymane.

Selon l’équipe de Leadership au Féminin, pour briser les stéréotypes de genre, il est nécessaire de comprendre que les femmes sont bien plus que leurs tâches ménagères ou leur mariage. Le programme met en scène des femmes entreprenantes qui utilisent leurs compétences et leurs talents pour aider d’autres femmes, et présente l’égalité de genre comme l’égalité des chances entre hommes et femmes. L’équipe du programme note qu’il y a des femmes leaders dans tous les secteurs de la société et qu’elles devraient être reconnues pour leur travail de la même manière que les hommes.

Récemment, Radio Media + CI Bouaké a été récompensé pour ses efforts en recevant le 2022 prix Liz Hughes pour Radios Rurales au féminin.

Leadership au féminin se compose de trois segments. Le premier s’appelle Femme 2.0 et présente les histoires de femmes qui sont indépendantes et gagnent bien leur vie. Le deuxième segment s’intitule 1 grossesse, 1 repos, et présente des informations relatives aux soins de santé sexuelle et reproductive et au planning familial. Le troisième et dernier segment est intitulé Débat inclusif et se concentre sur le manque de femmes dans les postes de décision. Dans ce segment, l’équipe invite les femmes à être plus actives en politique et à soutenir l’égalité de genre.

L’équipe de Radio Media + CI Bouaké aborde de nombreux sujets sensibles dans Leadership au féminin, notamment la sexualité au sein du couple, les crises interethniques et les stéréotypes culturels qui considèrent les femmes comme inférieures à leur mari. L’équipe s’efforce d’aborder ces sujets sensibles de manière à donner aux femmes les moyens d’agir.

Par exemple, dans un segment sur la violence basée sur le genre (VBG), un représentante d’une association de lutte contre la VBG a expliqué que si les plaignantes ne veulent pas que leur mari aille en prison pour VBG, l’affaire peut être portée non pas devant un juge, mais devant un comité de suivi qui peut aider à résoudre les conflits entre les couples et fournir un soutien psychologique.

Une femme qui a entendu le reportage sur le sujet avait déjà subi des violences de la part de son mari, qui voulait qu’elle cesse de travailler pour s’occuper de leurs enfants. Elle craignait que son mari n’aille en prison et n’a donc pas signalé ces violences. Après avoir entendu l’épisode, elle a appris qu’elle pouvait déposer une plainte anonyme auprès de l’association communautaire grâce à un numéro gratuit communiqué à l’antenne : le 1308.

Elle a appelé le numéro et, grâce au soutien de l’association communautaire, la situation a été résolue à l’amiable. Aujourd’hui, la femme est heureuse dans son travail, sa famille et son mariage. Elle est immensément reconnaissante du soutien de l’organisation communautaire et a rencontré Radio Média + CI Bouaké pour partager son histoire.

Il n’est pas facile d’avoir ce type d’impact sur les auditeurs et auditrices. Et l’équipe qui produit Leadership au féminin a encore du mal à faire participer les femmes à l’émission. Ils disent qu’il peut être difficile pour certaines femmes de s’exprimer, même à la maison, souvent pour des raisons religieuses ou culturelles.

Dans certaines relations, les hommes sont considérés comme les seuls décideurs. Cela signifie que les femmes ont besoin de la permission de leur mari pour parler aux radiodiffuseur.euse.s, en particulier sur des sujets sensibles. Pour permettre à ces femmes de partager leur histoire en toute sécurité, Radio Média + CI Bouaké accepte les témoignages anonymes, notamment ceux des femmes qui subissent des violences.

L’équipe de production de la radio s’efforce d’inclure les voix des auditeurs et auditrices dans leur programme chaque fois qu’elle le peut. Cinq jours avant la diffusion de l’émission, l’équipe discute avec les femmes pour comprendre les sujets qu’elles aimeraient voir abordés dans le prochain épisode, et pour enregistrer des micro trottoirs.

Cette recherche aide l’équipe à sélectionner les sujets appropriés pour les épisodes à venir, qui comportent généralement des invités masculins et féminins. En incluant à la fois des hommes et des femmes dans leurs discussions, l’émission donne lieu à des débats intéressants et parfois passionnés.

Lorsqu’on lui a demandé si elle avait des conseils à donner à ses collègues radiodiffuseurs et radiodiffuseuses, la présentatrice Mme Collé a répondu : « En tant que membres des médias, notre mission première est d’essayer d’éduquer notre communauté et de l’aider à changer les mentalités. La tâche qui nous est confiée n’est pas facile, mais nous n’avons pas le choix d’abandonner notre mission … Nous sommes la voix des sans-voix. Donc, quelles que soient les difficultés auxquelles nous sommes confrontés … Je demande à mes collègues radiodiffuseurs et radiodiffuseuses de ne pas abandonner, car la communauté a besoin d’eux et les femmes ont besoin d’eux. »


Cette histoire a été publiée à l’origine dans Barza Infos, le fil de presse de Radios Rurales Internationales pour les radiodiffuseurs agricoles africains. Le Prix Liz Hughes pour radios rurales au féminin récompense la production d’une émission radiophonique qui traite de l’égalité de genre, et permet aux voix des femmes d’être amplifiées.


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