La radio : source de pluie d’informations en temps de sécheresse

Imaginez que vous êtes un agriculteur ou une agricultrice et que les pluies sur lesquelles vous comptez pour cultiver ne tombent pas, et ce, une saison après l’autre. Après trois hivernages avortés, vous apprenez que des pluies soudaines et intenses pourraient tomber et emporter le peu qui vous reste.

 

C’est le cas pour les agriculteurs et les agricultrices éthiopiens en proie à la pire sécheresse qu’ait connue leur pays en 50 ans. Même s’ils savent se débrouiller face aux variations des cycles de la nature, les récents événements les ont mis à rude épreuve. Un des puissants phénomènes El Niño jamais enregistrés bouleverse les régimes climatiques normaux. Après plusieurs mois de sécheresse, c’est désormais la menace de précipitations trop abondantes, et indésirables, qui plane sur leurs têtes.

 

Que feriez-vous face à une telle situation? Heureusement pour les agriculteurs et les agricultrices de la région du Tigray, en Éthiopie, durement touchée par la sécheresse, ils peuvent commencer en faisant une chose aussi simple qu’allumer leurs radios.

 

Bien avant que les autorités déclarent officiellement l’état de sécheresse, Radios Rurales Internationales travaillait déjà avec la station de radio Dimtsi Weyane Tigray, son partenaire de radiodiffusion de longue date en Éthiopie, ainsi que d’autres partenaires clés en vue de diffuser une émission radiophonique participative visant à satisfaire les nouveaux besoins du monde agricole. Cette émission parle de prévisions météorologiques, de gestion des pertes de récoltes, de santé du bétail et de techniques pour survivre à une sécheresse comme la récupération de l’eau.

 

Hiwot TirfnehHiwot Tirfneh (ici à gauche et en haut) préside le groupe d’écoute radiophonique des femmes de sa communauté qui se réunit régulièrement pour écouter des émissions agricoles diffusées sur Dimtsi Weyane Tigray.

 

À l’aide d’un téléphone intelligent qu’elles ont reçu dans le cadre du projet Voix au féminin, les femmes peuvent désormais communiquer directement avec leur station. Ce téléphone leur a récemment permis de recevoir le type d’émissions dont elles ont besoin pour s’adapter à cette sécheresse sévère et persistante, ainsi qu’à la menace d’averses brusques et intenses.

 

Grâce à leur téléphone intelligent, le groupe de Hiwot a pu informer Dimtsi Weyane Tigray de l’absence de pluies dans leur région. Peu de temps après, elles écoutaient des émissions sur des sujets tels que la récupération de l’eau. Les informations sur ce sujet dont elles ignoraient presque tout autrefois leur sont très utiles. Comme l’explique Hiwot :

 

« Nous avons appris qu’il fallait économiser chaque goutte de pluie. J’applique ces techniques et j’ai obtenu de bons résultats. On peut même voir la différence entre les cultures où la récupération de l’eau est pratiquée et celles où ce n’est pas le cas. […] Je regrette qu’on ait perdu toute cette eau dans le passé. »

 

Leur téléphone intelligent leur permet également d’envoyer des enregistrements sonores à la station qui les diffuse ensuite à l’antenne. Les femmes ont toutes entendu leurs voix à la radio, ce qui, selon elles, renforce leur confiance en elles-mêmes et la notoriété dont elles jouissent au sein de la communauté.

 

Le projet Voix au féminin est réalisé avec l’appui du Fonds international pour le développement agricole (FIDA), une agence des Nations Unies qui s’est fixé pour mission d’éradiquer la pauvreté et la faim dans les zones rurales des pays en développement.