Radio : Un outil puissant pour combattre les inégalités de genre

Lorsqu’elle rentre des champs après sa journée de travail, Diabou Wandia se laver automatiquement les mains avec du savon avant de préparer le souper, et s’assure que ses huit enfants font de même.
C’est une chose simple à faire, mais pour Diabou et plusieurs membres de sa communauté, c’est nouveau. En fait, c’est une nouvelle pratique que Radio Djimara leur a révélée parmi tant d’autres à travers une émission radiophonique locale.
« Avant les émissions, nous ne le faisions qu’à l’occasion. Mais, maintenant, grâce aux émissions, nous nous sommes adaptés et c’est devenu une habitude quotidienne chez toutes les femmes, » déclare Diabou, en peul, la langue parlée dans la région.
Diabou vit à Sare Demba Diéo, une localité de Kolda, au sud du Sénégal, juste au sud de la frontière avec la Gambie.
Depuis quelques mois, Radio Djimara diffuse des émissions radiophoniques interactives sur des aspects importants du quotidien des femmes.
Ces émissions sont diffusées dans le cadre de Voix de femmes à grande échelle, un vaste projet piloté par Radios Rurales Internationales au Burkina Faso, au Ghana, au Mali et au Sénégal. Financé par Affaires mondiales Canada, ce projet vise à améliorer l’égalité de genre et la sécurité alimentaire chez les agriculteurs d’exploitations familiales, notamment les femmes et les jeunes.
Avant le démarrage des émissions, Radios Rurales Internationales a demandé aux femmes quelles informations elles souhaitaient entendre, et quels types d’informations pourraient améliorer leurs vies.
Dans cette région sénégalaise, ce sont les femmes essentiellement qui s’occupent des enfants. Les femmes de Kolda ont déclaré que leur santé et celle de leurs enfants étaient un combat majeur dans leur vie. Trop d’enfants tombaient malades, selon elles, et elles attribuaient cela aux mauvaises conditions d’hygiène et à la mauvaise alimentation.
« Quand nous écoutons ensemble, nous nous complémentons, nous comprenons mieux. »
Diabou Wandia, Sare Demba Diéo
Par conséquent, chaque semaine, Radio Djimara produisait des émissions sur des thèmes comme la malnutrition chez les enfants et les méthodes pour y remédier; l’allaitement maternel et la santé maternelle, ainsi que les pratiques d’hygiènes allant du simple lavage des mains à la gestion communautaire des déchets. Les animateurs posaient des questions et répondaient aux appels provenant des communautés locales comme Sare Demba Djéo, où Diabou et plusieurs autres écoutaient ensemble au sein d’un groupe d’écoute communautaire
À la fin de chaque émission, la discussion commence.
« Nous écoutons ensemble, » déclare Diabou, qui est également la femme responsable du groupe. « Quand nous écoutons ensemble, nous nous complémentons, nous comprenons mieux. »
Dans le groupe de Diabou, ils discutent des sujets des émissions, et des actions qu’ils peuvent mener à Sare Demba, comme aménager une pépinière de légumes pour contribuer à leurs potagers et assurer la santé de leurs enfants. Ils se posent des questions, et ils appellent la station pour poser de nouvelles questions à aborder dans l’émission suivante.
C’est évident que les discussions, ainsi que les émissions radiophoniques, font une différence.
« Avant, lorsqu’on parlait des enfants et des nourrissons, la protection par le lavage des mains avec de l’eau et du savon ne se faisait pas, » déclare Diabou. « Autrefois, plusieurs enfants avaient la diarrhée, mais, maintenant, grâce aux émissions et à tout ce qu’elles nous ont appris, et que nous essayons de mettre en pratique pendant nos travaux ménagers, cela a complètement diminué la diarrhée. »
« Cette année, aucun nourrisson n’a eu la diarrhée et cela est dû aux émissions. »
Le projet se poursuit. La prochaine série traitera de la violence fondée sur le genre dans un feuilleton radiophonique. Les futures séries visent également à la promotion des femmes à des postes de responsabilités au sein de leurs communautés. Il y sera question de la dynamique du pouvoir dans le ménage, des pratiques sexotransformatrices en matière de nutrition, de sécurité alimentaire et des droits des femmes, ainsi que d’autres thèmes jugés importants par les femmes de ces communautés.
Le projet Voix de femmes à grande échelle vise à offrir de meilleurs services radiophoniques interactifs au Burkina Faso, au Ghana, au Mali et au Sénégal, et toucher plus de sept millions d’agriculteurs et d’agricultrices d’exploitations familiales pour renforcer la sécurité alimentaire et l’égalité de genre. Le gouvernement du Canada, par l’entremise d’Affaires mondiales Canada, finance ce projet avec une subvention de cinq millions de dollars durant les cinq années du projet.