Une agricultrice a recours à la radio pendant le confinement

Le mardi nuit, à 20 h, Fatoumata Camara, 43 ans, écoute son émission radiophonique préférée sur Radio Bamtaare Dowri FM. C’est une émission sur l’agriculture financée par Radios Rurales Internationales.
Avant, Fatoumata écoutait en compagnie d’un groupe de camarades de Thiankang où elle vit au sud du Sénégal. Cependant, beaucoup de choses ont changé depuis mars, lorsque le premier cas de COVID-19 fut signalé dans le pays.
À cette époque, le gouvernement est intervenu immédiatement. La riposte efficace du pays contre la maladie est depuis lors saluée. Le magazine Foreign Policy a qualifié cette stratégie de deuxième meilleure riposte dans une étude parmi les stratégies utilisées par 36 pays riches, à revenu intermédiaire et en développement pour gérer la pandémie.
Toutefois, cela se nécessita également l’imposition de restrictions strictes. Le gouvernement instaura aussitôt un couvre-feu dans le pays et restreint les déplacements entre les régions.
Pour Fatoumata, cela entraîna des problèmes. La fermeture des marchés survint en même temps que la fin de la saison sèche. C’est une période où les réserves sont souvent à leur niveau le plus bas, ce qui signifie que les agriculteurs(rices) de subsistance recourent plus aux aliments achetés en magasins.
« Nous vivions de purée faite de restes de repas, » déclare Fatoumata, mariée, mère de quatre enfants. « Mon petit commerce était à l’arrêt. Nous avons vraiment souffert. »
Cela a également rendu Fatoumata plus vulnérable pour la saison agricole imminente, car elle doit se déplacer pour aller acheter des semences et de l’engrais.
Au début de la pandémie, Radios Rurales Internationales travaillait avec trois stations de radio, dont Radio Bamtaare Dowri FM, dans la région de Kolda, au Sénégal, pour la diffusion d’émissions sur l’agriculture intelligente face à l’agriculture. Quand la maladie apparut au Sénégal, et, en effet, comme ce fut le cas ailleurs en Afrique, nous sûmes que nous devions agir.
Notre équipe des métiers radiophoniques se mit au travail, et réaménagea le plan de nos émissions pour les Services consultatifs numériques pour l’agriculture climato-intelligente, ou DAS4CSA, financés par Enabel, l’Agence belge de développement dans le cadre de son programme WeHubit. Parallèlement aux émissions relatives aux informations sur l’agriculture et le climat qui devraient aider les agriculteurs(rices) à obtenir de bons rendements, maintenant plus importants que jamais, de leurs champs, nous avons réaménagé les émissions afin de consacrer au début dix minutes à l’analyse des dernières informations sur le COVID-19.
Des messages sur le lavage des mains et la distanciation physique aux rapports journaliers sur la situation du COVID, les émissions tenaient les communautés rurales et éloignées au courant des dernières informations qu’elles devaient savoir.
« Grâce à la radio, j’étais bien informée de la situation et l’évolution de la pandémie chaque jour. En outre, elle nous disait les mesures à adopter afin d’éviter cette maladie, » déclare Fatoumata.
« Sans la radio, j’aurais été vraiment bloquée, très préoccupée et peut-être exposée à la maladie. »
Les agent(e)s de santé ne sont pas fréquent(e)s à Thiankang, ajoute-t-elle, ce qui rend la radio encore plus indispensable.
Alors que la pandémie s’étend, Radios Rurales Internationales continue de travailler avec ses partenaires pour diffuser des informations concernant le COVID-19, mais également s’assurer que les agriculteurs(rices) des régions comme Thiankang savent comment obtenir de bonnes récoltes pour assurer leur avenir, pandémie ou pas.
Le projet Services consultatifs numériques pour l’agriculture climato-intelligente, ou DAS4CSA, est financé par la Belgique dans le cadre du programme Wehubit mis en œuvre par Enabel. Il vise à offrir des services de vulgarisation numériques interactifs et sexospécifiques à 225 000 agriculteurs(rices) de la région de Kolda sur les pratiques agricoles intelligentes face au climat.